Alès : conduire plus et le vivre moins bien...
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Pour le moment, les chauffeurs de Kéolis ne veulent pas pénaliser par une grève les achats de Noël de leur clientèle. Ils veulent dénoncer leurs conditions de travail et les faire connaître au public et aux élus locaux.
19 des 21 chauffeurs de Kéolis qui assure le transport urbain des Alésiens ont signé une pétition pour réclamer le respect de leur convention collective. Pour l’heure ils ne veulent pas avoir recours à la grève pour obtenir leurs droits mais n’écartent pas à terme, cette possibilité.
« Si je fais ce métier c’est parce que j’adore conduire des autocars. Mais maintenant quand je dois prendre mon service j’ai un peu la boule au ventre et je n’y ai plus de plaisir » indique Noëlle Avouac chauffeur à Kéolis depuis trois ans.
Peu à peu alors que le travail semblait se dérouler de la meilleure des façons, les conditions se sont progressivement dégradées au point que maintenant 19 des 21 chauffeurs que compte l’entreprise qui assure les transports en commun à Alès, ont choisi de tirer le signal d’alarme en signant une pétition dans laquelle ils réclament le respect de leur métier, de leurs personnes et de la législation.
La situation semble tellement tendue chez ce transporteur qui appartient à 70% à la SNCF, que les salariés ont décidé de confier leurs intérêts à Me Eve Soulier. La jeune avocate pointe du doigt des « interprétations » pour le moins étranges de la convention collective au point d’envisager dès le début de l’année 2017 de saisir le Conseil des prud’hommes pour arbitrer le dossier. Un dossier qui est loin d’être vide car déjà l’inspection du travail en octobre dernier, a adressé un avertissement à la direction de Kéolis Alès pour quelques manquements graves.
Les chauffeurs soulignent en premier lieu, le non respect de la convention collective au regard des repos. « Selon la législation nous devrions pouvoir bénéficier de 20 minutes de pause après 6 heures de conduite. On en est très loin » explique Abdelakim Cherifi qui s’est syndiqué à la CGT « parce que la situation n’était plus supportable ».
Encaisser tout en conduisant
C’est l’un des griefs exposés par les chauffeurs qui se plaignent aussi d’une « volonté d’augmenter la rentabilité au maximum au point d’encaisser la vente d’un ticket tout en conduisant. Ce n’est plus du service public » ajoute-t-il. « Je me surprends à en vouloir à une personne âgée qui met trop de temps à monter dans le bus parce que je sais que c’est mon temps de pause qui va en pâtir » confie Noëlle.
Actuellement selon Abdelakim on compte dix intérimaires sur la vingtaine de chauffeurs « ça ne vous paraît pas étrange ? Il y a beaucoup d’arrêts maladie. Et puis on pense aussi à la sécurité des personnes transportées et des autres usagers de la route. Nous sommes passés de 100 km par jour de travail à 120. Cette augmentation, c’est sur nous qu’on l’a gagnée en rognant sur tout, y compris sur le temps d’installation dans notre bus au moment de la prise de service ».
Là où les chauffeurs de Kéolis s’étonnent c’est que dans la même entreprise Kéolis mais à Nîmes, les conditions de travail sont très différentes et bien plus conformes à ce qu’ils s’estiment être en droit d’attendre.
A plusieurs reprises les chauffeurs alésiens ont tenté de dialoguer avec leur direction. Mais sans aucun résultat « ça s’est traduit par des pressions supplémentaires » regrette Abdelakim.
Si la solution n’est pas rapidement trouvée, les chauffeurs qui ne veulent pas « prendre les usagers en otage », n’excluent pas en dernier recours, de décider d’un mouvement de grève. Pour le moment ils espèrent que les élus alésiens responsables du transport au niveau de l’Agglo et donc du réseau NTecC qui sous-traite le transport urbain à Kéolis, trouveront les arguments pour faire respecter la loi.